• Voici le compte-rendu d'une bagarre en 1873. J'ai un peu élagué et supprimé le nom des délinquants. Prudent Noël était mon arrière-grand-père et Honoré Duteilleul était son futur beau-père (donc mon arrière-arrière-grand-père). À cette époque, le prénom couramment utilisé était le dernier des prénoms officiels : Prudent NOËL s'appelait Eugène Modeste Prudent et Honoré Duteilleul s'appelait Jean Louis Joseph Honoré.

    Procès verbal d’une attaque nocturne : 5 octobre 1873  

    Le sieur Lefèvre Alphonse natif de Pierres âgé de 21 ans était avec le nommé Prudent Noël de Vacheresses-les-Basses, il a passé la soirée chez M. Duteilleul. Il se plaint d’avoir été attaqué par le nommé R. Paul accompagné de Eugène T. de cette commune, lorsqu’il était dans la cour de M. Duteilleul le dimanche 5 octobre mil huit cent soixante-treize à onze heures du soir. M. Duteilleul Honoré, âgé de 54 ans, cultivateur à Villiers, déclare que les jeunes gens qui ont porté plainte ont passé la soirée chez lui, ainsi qu’ils y ont été autorisés par lui, et ainsi qu’ils y sont venus plusieurs fois auparavant. 

    M. Gautier-Cochon, cafetier, déclare que sur les neuf heures et quart et neuf heures et demie, deux jeunes gens se sont présentés à la porte en demandant qu’on leur servît à boire. M. Gautier ouvrit sa porte qui était fermée et leur parla en refusant de les laisser entrer, il vit alors que ces deux jeunes gens étaient porteurs de forts bâtons. Il referma sa porte en voyant l’insistance avec laquelle ils renouvelaient leur demande. 

    Ces deux jeunes gens sont, d’après la déposition du sieur Lefèvre Alphonse, sus nommé : Alexandre L....et Jules M., tous deux de Pierres. 

    Les nommés R. Paul et T. Eugène déclarent s’être battus le même jour à onze heures environ avec les jeunes gens armés de bâtons, rixe dont il s’est suivi coups et blessures. 

    Les sieurs T. Eugène et R. après s’être amusés en plaisantant et avoir changé de coiffure avec L. et M., une dispute s’est engagée entre R. et L., d’où il est résulté pour R. quelques coups de bâton. R. avait aussi un bâton, le sieur T. avait également un bâton. Celui de R.était un manche de fourche. T. rapporte que M., au moment où la lutte s’engagea entre R. et L., lui dit en lui prenant le bras « ne nous mêlons pas de l’affaire, si tu t’en occupes, je m’en occuperai aussi », il reçut un coup de bâton de L.... 

    Après s’être battus, R. et T. revenaient vers le village (T. ayant encore son bâton, mais R. n’étant plus armé, car il avit été désarmé dans la lutte) ils s’arrêtèrent à la porte de M. Honoré Duteilleul et s’avancèrent, vers le sieur Lefèvre. R. réclama avec exigence du dit Lefèvre sa casquette, en lui disant que celui-ci redemanderait la sienne à L.

    Sur le refus de Lefèvre, R. lui prit sa casquette sur sa tête, en le prenant à la gorge, Lefèvre dit qu’ayant voulu reprendre sa casquette, R. le serra plus fort, et l’entraîna jusque sur le chemin. A la suite de cela et lorsque R. l’eut lâché, il s’en alla faire sa déposition chez le garde-champêtre ; il était onze heures environ.

    Pendant l’interrogatoire, fait par nous maire de Villiers-le-Morhiers, ayant invité R. à aller chercher la casquette de Lefèvre Alphonse pour la rendre, celui-ci resta assez longtemps pour que le garde aille le chercher. On le trouva à boire au cabaret.

    Fait en mairie à Villiers-le-Morhier, par nous maire de Villiers-le-Morhiers, en présence de M. Courvas garde-champêtre, et de M. Lhopital secrétaire de la mairie, et en présence du sieur Lefèvre plaignant et des sieurs R. et T., délinquants.

      

     


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